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13 août 2007

Promotion des centres de formation en brousse

Départ 6h. Deux heures de piste pour aller faire la promotion du centre de formation de Mandoto dans un village reculé. Deux heures de piste, dont un franchissement de rivière à gué, le tout avec ma petite Kangoo qui a une fuite dans le carter… Un peu le stress quoi. Je n’ai pas le droit de frotter une seule fois, mon carter doit être bien fragile maintenant.

madagascarpopouest

Histoires de mécanique

En allant jusqu’à Morondava la semaine dernière, j’ai abimé le carter. Il faut dire pour ma défense que la « Nationale » de l’Ouest est une piste ignoble sur 110 km. Enfin, pas si ignoble que ça, ou pas sur toute la longueur, puisque je n’ai mis que 4h15 pour le faire ce tronçon de piste. Mais 3 ou 4 fois, je suis arrivé un peu vite sur un trou et mon bas de caisse a un peu tapé… Je n’ai remarqué la fuite d’huile qu’en arrivant au village où est le centre de formation à côté de Morondava. Petite frayeur rétroactive, si j’avais fais un trou plus gros dans mon carter, j’aurai pu perdre toute mon huile et serrer mon moteur… Ouf que…

Arrivé en ville le soir, la mission : trouver un mécano de confiance … Réflexion intense : Faut il tenter quelque chose où pas sachant que je suis à 13 h de route de Tanà et du prochain garagiste un peu sérieux ?… Heureusement que j’ai des amis à Morondava qui m’indiquent un bon mécano… Je reste bien stressé, en espérant que le gars est vraiment bon.

J’ai été traumatisé la fois où un gars me proposait de me réparer ma moto restée en rade dans une petite ville de brousse, (Antsohihy) : je me suis rendu compte après 20 minutes que le gars n’avait jamais démonté une moto de sa vie : je l’ai remontée moi-même au moment où il cherchait une perceuse pour faire un trou par là et mettre une grosse vis qui devait tenir le bidule… Festival. Je l’ai pourri en français, en anglais et en malgache le pauvre gars.

Le mécano de Morondava après une journée de travail avait à peine démonté le carter : il a galéré pour démonter les protections et les trucs qui le gênait (et oui, je n’en sais pas plus, je suis une truffe en mécanique). Je lui ai dit de remonter le truc en l’état, la fuite est légère (une petite goutte toutes les 25 secondes), je peux rentrer à Tanà en faisant super gaffe et en rajoutant de l’huile régulièrement… Le problème est que j’ai encore deux haltes de deux jours sur le chemin du retour pour faire la promotion des centres de formation dans des villages… Va falloir prier pour que ça tienne, pas le choix.

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Energies telluriques

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Nous sommes donc repartis de Morondava avec mon collègue, attaquant la piste dès que le mécano a eu fini de remonter le machin. Nous quittons donc les baobabs magnifiques au milieu des rizières. Ils sont en fleur en ce moment. Les fleurs mâles sont énormes, les fleurs femelles plus petites. C’est vraiment un arbre magique, traversé par un flux énergétique complètement dingue. Je me suis ressourcé à son contact, ma méditation m’a porté au pays des druides, dans les forêts du Morbihan et les dolmens cachés au milieu des arbres…

baobab fleur_baobab

(Désolé pour les feuilles de cocotier devant le baobab. Sur la photo de droite, les fleurs mâles sont en blancs, les fleurs femelles sont en marron. Elles sont duvetées comme le fruit. Il y a d'ailleurs déjà quelques jeunes fruits, encore tous petits. Après la floraison, le baobab fera des feuilles...)

Sur la piste pour les réunions de promotion des centres de formation dans le centre du pays

Retour à Mandoto, au centre du pays.

La piste n’est pas trop mauvaise, mais il y a des pentes sur lesquelles ma petite voiture a du mal. Nous patinons régulièrement dans une bonne  couche de poussière argileuse qui soulève des nuages de poussières derrière nous… Dommage pour les piétons que nous croisons…

Nous arrivons au village de Beakanga, dans le district de Mandoto, région Vakinankaratra. C’est curieux d’arriver dans un gros village, avec des maisons en dur, alors qu’on a l’impression d’être au milieu de nulle part après 2 heures de piste.

Nous retrouvons l’administrateur du centre de formation qui habite ce village en prenant un café à un étal au bord du marché. Nous allons chercher le chef de village pour lui expliquer ce que nous allons faire et demander son accord.

Ethnie Bara (prononcer bar)

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Je vois sur le marché des jeunes gars avec une drôle de coupe de cheveux : ils sont rasés sur les côtés du crâne et derrière, et ils ont une galette de 5 cm de heuteur au moins sur le dessus du crâne, galette qui forme un plateau bien horizontal. Un peigne en plastique est coincé à l'arrière de la galette. Ces jeunes sont noirs, plus que les Betsileo ou les Merina qui sont également sur le marché et ils ont les cheveux crépus. Ils sont de type plus africain quoi (les malgaches des Hautes Terres sont plus de type asiatique). Ils sont enveloppés dans leur lamba (pareo), à la différence des gens des Hautes Terres qui portent des vêtements occidentaux.

Je questionne mon camarade directeur du centre de formation : "Ce sont des Bara, nous sommes sur leur territoire dans ce village. Les autres sont des migrants originaires des Hautes Terres. C'est leur coiffure traditionnelle. Le peigne signifie qu'ils ne sont pas mariés."

En fait, cette ethnie vit un peu en marge de la société. Ils sont réputés pour le vol des zébus qu'ils pratiquent de manière traditionnelle un peu comme un rite d'initiation. Mais le vol ne se fait pas qu'une fois pour l'initiation. Un jeune qui n'a pas volé ou même qui n'est pas allé en prison aura du mal à trouver une épouse : comment pourra-t-il subvenir à ses besoins en cas de famine s'il n'est pas capable de voler ?

Les Bara pratiquent généralement le racket. Ils se déplacent en groupe, portent des bâtons pour chercher à impressionner les autres. Ils ont des rapports sociaux moins policés que les gens des Hautes Terres. Le soir venu, il est fréquent qu'un groupe entre dans une maison au hasard et exige de la nourriture...

Mon collègue a été instituteur dans un village Bara reculé (à 6h de marche du premier axe routier). Il m'explique qu'à son arrivée au village, sa maison était constamment squattée, jour et nuit. Il devait nourrir les gens qui étaient là aux heures des repas.

Il a dû se faire frère de sang avec un chef Bara pour avoir un peu de tranquilité. Mais encore, quand il s'est marié et qu'il est revenu dans ce village avec sa femme, il avait toujours peur. Dès qu'il quittait sa maison, des Bara allaient la squatter...

Des bandits quoi...

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Suite de la promotion

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agglu

Les gens s'agglutinent autour des panneaux de photos sur le centre de formation. Les collègues sont au milieu des gens pour commenter et répondre aux questions.

Ensuite, vient le discours de présentation en long en large et en travers du centre de formation. Les questions, timides en général, des réponses. Le clou du spectacle, c'est le vazaha qui parle une minute en malagasy....

Et puis on remballe, et c'est parti pour le village suivant.

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Commentaires
N
Sympas les baras... Avec un nom pareil, homonyme du diminutif de ma patrouille quand j'étais guidouille... Ils auraient pu choisir autre chose!<br /> Non je ne suis pas irréaliste. Juste euh... un peu timbrée.<br /> Et très original l'idée de faire un trou à la perceuse pour remettre une moto dans l'ordre. Mmmm! Le gars il devrait être doué pour les puzzles 3D!
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